A4 Association d Accueil en Agriculture et en Artisanat

Action sociale

L’objectif de A4 est de construire une dynamique d’accueil, de formation, d’accès au travail et d’accompagnement administratif de personnes avec ou sans papiers, urbaines ou rurales, dans les domaines de l’agriculture et de l’artisanat. https://a4asso.org/

Nos actions en cours

Qui sommes-nous ?

Ceux qui traversent la mer, connaissent la terre.

- Aminata Koita (Les Femmes Battantes)

 

Nous sommes à la fois la réalisation et la continuation d’une rencontre, d’une multiplicité de rencontres. Nos voix s’expriment dans des langues et à des cadences diverses ; nos pieds ont parcouru des sentiers parfois proches, parfois bien éloignés. 

Notre association est le fruit d’un mélange d’horizons, de pensées et de passés variés qui avec le temps se sont retrouvés dans une intention commune : tisser des liens entre ici et là-bas, entre les pays d’origine et les pays d’exil, entre la ville et la campagne. 

Nous avons traversé la mer. Nous voulons retrouver la terre.

A4 est une association formée par des personnes avec un parcours migratoire, par des paysans et des paysannes bien enraciné.es ou qui voudraient le devenir, par des artisans et des artisanes à la recherche d’espaces, d’outils et de mains solidaires pour construire et partager leurs ateliers, par des gens à la fois engagés et concernés par la reprise de leurs moyens de subsistance. 

Nous faisons le pari d’associer nos différences et d’apprendre à les accueillir en partageant nos expériences, nos savoirs, nos espoirs dans les domaines de l’agriculture et l’artisanat. 

Nous sommes A4, Association d’Accueil en Agriculture et en Artisanat et nous sommes en train de construire des espaces communs d’hospitalité, de partage, d’accompagnement et d’entraide par le bas, d’égal à égal.

L’objectif premier de ce projet est de créer un réseau d’accueil, de formation et d’accès au travail pour des personnes avec ou sans papiers, qu’ils ou elles soient issus de milieux urbains ou ruraux. 

Nous sommes convaincus que repenser nos modes d’habiter partant d’en bas, depuis les besoins et les bagages des gens, veut dire trouver dans le travail un vecteur d’émancipation, de solidarité et un moyen d’acquérir des savoir-faire, ainsi que reconnaitre dans l’installation paysanne, que ce soit ici en France ou ailleurs, une possibilité concrète de vivre autrement.

Crédit : Avis de Tempête (https://avisdetempete.noblogs.org/)

Entre la mer, la ville et la campagne : nos diagnostics, notre projet

Le pari de ce projet est double : 

D’un côté, répondre aux dilemmes et aux incertitudes des personnes qui, ayant quitté leur pays d’origine, souvent en abandonnant leurs parcelles et leurs attachements familiaux, rencontrent des difficultés pour accéder à des logements, à des formations et à des emplois dignes.

De l’autre, faire face à l’annihilation systématique des métiers agricoles et artisanaux et à l’accaparement et la destruction des terres par l’urbanisation et l’agro-industrie.

D'où partons-nous ?

   1 - Pour nous, personnes avec un parcours migratoire exclues du marché du travail déclaré, le BTP, le service ménager, de sécurité ou de cuisine sont souvent les seuls emplois disponibles. Nous ne voulons plus être contraint.es d'exercer ces postes précaires et hyperexploités. Nous revendiquons le droit de choisir nos lieux de vie et nos moyens d’existence. 

  2 - Quitter le pays d’origine implique fréquemment de se retrouver face à un dilemme : vendre la parcelle familiale pour aller en Europe et créer une opportunité de vie éloignée de la terre, ou la garder, mais avec les difficultés matérielles et les incertitudes toujours plus insurmontables que cela implique. L’économie de subsistance dans nos pays d’origine a été fragilisée jusqu’à son anéantissement.

   3 - Le passage transfrontalier et les trajectoires d’exil sont accompagnés d’une captivité dictée par la loi et renforcée par la police. Il n’est pas rare qu’en arrivant en foyers nous soyons « coincés » entre rentrer chez nous et perdre nos revenus et nos droits sociaux en France, ou rester en étant loin de nos attaches familiales. Vivre sans papiers veut dire vivre sans le privilège de la libre circulation ; les frontières ne sont pas seulement des barrières, mais aussi la clôture d’un milieu d’enfermement.

   4 - Travailler dans le secteur des services, notamment dans des emplois non déclarés, signifie aussi pour beaucoup à la fois la négation de nos savoirs et expériences préalables et le renoncenement à se former dans des domaines utiles et intéressants qui offrent des perspectives de vie lors de notre retour dans nos pays d’origine. Ici, les savoirs de là-bas comptent moins que rien ; ici, les formations professionnelles – avec leurs contraintes de langue, de diplômes, de frais économiques – sont désormais inaccessibles. 

   5 - En France et ailleurs, les territoires ruraux ne sont pas exempts de difficultés notamment liées à la perte de vocation des métiers agricoles/artisanaux et à la déliquescence des appuis institutionnels. Dans la prochaine décennie, c’est quasiment la moitié des actifs du monde agricole qui seront en âge de partir à la retraite et il est fort probable que ces départs se soldent par un agrandissement des surfaces de l’agro-industrie et l’étalement urbain. L’accaparement de terres et la disparition de l’artisanat sont les deux faces d’une même médaille. 

Face à ces constats, depuis A4 nous travaillons pour faciliter les circulations vers le monde rural et les métiers agricoles et artisanaux tant dans une logique de formation, d’activités mais aussi de temps de repos et refuge. Nous voulons construire un réseau de fermes et de paysan.nes allié.es, d'accompagnement collectif pour créer les conditions d'un accueil solidaire et digne.

C’est aussi en reprenant en mains nos moyens de subsistance que nous pourrons devenir des acteurs ou actrices dans la construction du commun sur nos territoires d’origine : il s’agit de donner l’opportunité de travailler et d’apprendre les techniques agricoles afin d’avoir la capacité de partager les savoir-faire ici ou là-bas.  

 

Notre pari politique 

Notre projet arrive à l’époque où l’on décline le mot catastrophe en diverses « crises » : la crise migratoire, la crise économique, la crise sanitaire, la crise des institutions politiques, la crise du travail, la crise du système éducatif, la crise environnementale, la crise du monde paysan… 

Nous voyons que dans la mesure où ces crises sont présentées comme des phénomènes distincts et séparés, la résistance et les alternatives sont également fragmentées : les luttes, leurs discours et leurs pratiques, opèrent trop souvent avec une « logique en silo », détachées les unes des autres. 

Avec A4 nous voulons partir de là où nous sommes, de nos différences irréductibles, pour devenir ensemble ce que nous ne sommes pas encore : un projet commun, basé sur la rencontre d’égal à égal, qui contre cette logique fragmentaire, lutte contre toutes ces crises en même temps.

A4 est une manière de repenser la lutte pour le logement : en tissant un réseau d’installation paysanne, nous affirmons qu’habiter n’est pas séjourner dans des foyers et des logements pré-aménagés. Nous aussi avons le droit de choisir nos lieux de vie. 

A4 est une manière de repenser la lutte pour le travail : le salaire régulier reste et restera toujours un privilège ; nous ne nous battons pas pour entrer dans le marché du travail, nous nous battons pour récupérer des métiers et des terres qui rendent possible notre existence. 

A4 est aussi une manière de repenser la lutte étudiante : nous n'aurons accès aux salles de cours et à l’amélioration des conditions d'études que si nous luttons pour d’autres savoirs et processus de transmission.

A4 est une manière de repenser à la fois la lutte paysanne et la lutte environnementale : pour nous, les terres ne sont pas que pour ses propriétaires et nous ne marchons pas que pour le climat, nous nous battons pour défendre nos moyens de subsistance. 

Enfin, A4 est une manière de repenser la lutte anticoloniale et internationaliste : nous sommes en train de créer d’autres territoires ici et là-bas, sans frontières, contre elles.

 

L’entraide, les rencontres et le réseau : notre méthode 

A4 est un projet basé sur l’entraide d’égal à égal. Autrement dit, par sa nature même, par ses conditions de fondation, cette association n’est pas une structure qui souhaite venir en « aide » aux « exilés », « migrants » ou « sans-papiers », des termes rejetés par certain.e.s d'entre nous, à l’initiative de ce projet, dont certains avons pourtant été ainsi nommées. 

En revanche, nous souhaitons consolider d’égal à égal, dans la réciprocité, une dynamique mutuelle entre des gens liés aux villes et aux milieux ruraux et paysans, basés sur l’entraide et en ayant conscience des besoins, des ressources et des bagages de chacun.e. 

Quand nous parlons d’égal à égal nous ne parlons pas d’effacer nos différences, nous ne parlons pas en dépit de nos histoires, nos langues, nos modes de vie, nous parlons depuis elles, depuis leur singularité, en les reconnaissant en tant que telles, sans mépris, sans instrumentalisation, sans condescendance. 

Seulement une perspective d’égal à égal peut permettre une vraie rencontre, et c’est précisément la rencontre, notre méthode primordiale de travail : à partir de voyages et d’enquêtes collectives nous créons des rencontres improbables entre des fermes, des paysan.nes et des personnes à la recherche d’un lieu d’accueil, de travail, de formation ou simplement de lien. 

Chacune de ces rencontres mène à la prochaine. Ensemble, elles tissent un maillage de solidarité qui relie des espaces d’apprentissage et convivialité. 

Dans cette première étape du projet, nous sommes en train de mettre en place : 

-          Des voyages-enquêtes de rencontres humaines et conviviales 

-          Des séjours de découverte afin de s’essayer aux techniques agricoles et découvrir le milieu paysan et rural 

-          Des séjours longs avec l’idée de s’installer durablement dans le monde agricole 

Et pour cela nous cherchons des paysan.nes et des artisan.nes souhaitant accueillir d’autres personnes, de terres et de bâtiments pour démarrer des activités de subsistance, des formations pour celles et ceux qui n’ont pas encore d’expérience et de l’argent pour financer la construction commune de notre projet.

 

Budget indicatif (2023)