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Soutenir notre spectacle : PARLE, de Noémi Lefebvre

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Faute de subventions (toujours sollicitées, toujours refusées), la compagnie ADA-Théâtre se tourne vers vous pour réunir les moyens nécessaires à la création de son prochain spectacle (répétitions, décor, costumes, accessoires…) Ça s'appellera Parle, ce sera à la Manufacture des Abbesses à Paris (avant, on l'espère, de tourner ici et là) à l'hiver 2023, avec quatre personnages plus une, ce sera beau, drôle, parfois bizarre et souvent cinglant. 

L'histoire

C'est une petite famille, réunie dans une maison de campagne pour un inventaire : il s'agit de se répartir un héritage, ce qui ne devrait pas être très compliqué.

Premier problème : ils sont d'une classe sociale où l'on affecte de se préoccuper très peu des choses matérielles. Ils appellent "classe moyenne supérieure" le groupe social auquel ils appartiennent, signalant qu'ils sont au courant, pour la lutte des classes ; ils ont lu Marx, Deleuze, Foucault, ils évoquent Proust et Flaubert, revendiquent d'avoir du goût, des lettres, et de la sensibilité, beaucoup. "N'oublie pas que nous sommes fragiles", rappellent-ils à celle qui ne répond jamais.

C'est leur deuxième problème : au fond du jardin, parmi les coucous, se tient la Cadette, qui ne dit rien mais les observe, et les juge, sans doute. Voilà qui les affole, et les pousse à parler sans relâche : pour se défendre des attaques qu'elle ne formule pas, se justifier des bassesses qu'elle pourrait leur reprocher, faire étalage de leur délicatesse, de leur culture, de leurs questions - dont l'une, obsédante, revient tout le temps : qui aura les petites cuillères en argent ?

Théâtre politique, toujours…


ADA-Théâtre poursuit son exploration politique : depuis des années, nous examinons, pour en jouer et les déjouer, les grandes structures du présent qui nous tiennent captifs dans un monde qui nous révulse. Il y a eu la question de notre enrôlement salarial (Bienvenue dans l'angle Alpha), il y a eu la question de notre servitude dans la dette et de la monnaie (Amargi), il y a eu la question de notre vulnérabilité face aux violences d'Etat (Saccage). Avec PARLE, la compagnie renoue avec un geste artistique qu'elle n'avait pas pratiqué depuis plus de dix ans : travailler dans la langue d'un autre. Une autre, en l'occurrence : Noémi Lefebvre, qui a publié cinq fictions chez Verticales (Gallimard), dont Parle, en 2021. Avec ce texte, c'est une classe sociale qui est examinée : la petite bourgeoisie intellectuelle, très savante sur tout ce qui ne va pas, mais parfaitement immobile politiquement, et se contentant, pour se racheter une âme, de faire étalage de sa mauvaise conscience dans de fort jolies phrases. C'est l'une des structures de notre aliénation : cette classe produit inlassablement la rhétorique qui justifie et conserve les fléaux dont nous souffrons ; c'est le ciment entre les pierres du système, ce qui fait que ça tient. C'est une forme du mal, qu'il convient de regarder en face, et comme dans un miroir : c'est une part de nous-mêmes