Nous lançons cet appel à contribution pour nous aider à produire le livre « SONIC AGENCY, Son et émergence de formes de résistance » à paraître en octobre 2024 aux éditions JOU, un essai important non-traduit depuis sa parution en 2020 en Angleterre.

Dans un monde dominé par le visuel, la résistance contemporaine serait-elle auditive ? Sonic Agency met en lumière les propriétés du son, invisibles, disruptives et émotionnelles, et se demande si la nature invisible du son pourrait étayer une transformation politique.

Traduction  de Sophie Couronne avec la collaboration de Valérie Vivancos.  - Publié en anglais en décembre 2020 par Goldsmiths Press, Londres. - À paraître le 3 octobre 2024 aux éditions JOU.

Brandon LaBelle est un artiste américain et théoricien du son dont le travail a influencé le domaine des études sonores. LaBelle est professeur de nouveaux médias à la Faculté des beaux-arts, de musique et de design de l’Université de Bergen depuis 2011.

Fiche du livre et extrait sur le site des éditions JOU :
https://editionsjou.net/produit/sonic-agency/

Extraits :
[…]  Le développement des études sonores en tant que domaine discursif suscite des questions sur ce qui définit le « son », et, par extension, sur la méthodologie employée. Je souhaite aborder ces problématiques en recontextualisant le son et ses débats dans les luttes contemporaines. Je cherche ainsi, non seulement à contribuer à une culture approfondie de la pensée sonore, mais aussi à façonner cette pensée, en la confrontant aux réalités sociales et politiques : les figures et les voix qui s’élèvent, négocient, interfèrent et s’unissent par le biais des outils et de l’imagination sonores. La pensée sonore est-elle susceptible de soutenir les luttes contemporaines ? Quelles positions ou stratégies éthiques et agentives particulières pourrions-nous adopter à partir de nos expériences, celle d’écouter, et d’être entendus ? Les savoirs issus des pratiques sonores pourraient-ils nous aider à aborder les situations de crises, personnelles et politiques ?
Ces questions induisent une perspective permettant d’élargir le champ des études sonores jusqu’aux enjeux de la réalité contemporaine. Je pense qu’une telle recherche s’appuie sur l’observation et l’examen de l’action du son, de son comportement et de son fonctionnement, de ce qu’il évoque, et des modalités dont la subjectivité et les formations sociales sont étayées et agitées par le sens auditif. […]

[…] Mouvements et propagations, oscillations et intrusions, les sons peuvent délivrer de puissantes énergies pour perturber et interférer, agiter et transgresser, mais ces pouvoirs sont essentiellement conditionnés par la diffusion et la dispersion. Le son se déplace toujours en s’éloignant d’une source ; il abandonne son origine, il s’attarde, perpétuellement en partance. Lorsqu’il voyage et migre, effleure de nombreuses surfaces, est absorbé ou réfléchi, il va s’alléger au fil de son trajet, perdre son identité. Il diminue petit à petit. S’il migre, en envahissant de nombreux territoires, pour traverser le champ social en effleurant à peine les peaux et rythmes des lieux – c’est parce qu’il est de nature vulnérable. Il est fragile, et c’est ce qui le caractérise – comment puis-je l’attraper et le tenir, ce son ? Cette fragilité est de plus contagieuse. Pour écouter il faut s’arrêter, voire interrompre ce qu’on est en train de faire. Les oreilles se focalisent sur certains sons, voire se ferment aux bruits agressifs. On est touchés ou frappés par le son lorsqu’il nous frôle en passant, ou nous pénètre profondément, pour mener au sommeil, voire troubler et enfiévrer ; il nous fait bouger, jusqu’à épuisement ou exaltation. Le son nous bouscule et donc souvent nous affaiblit, nous perdons toute résistance et énergie, ou notre capacité à rester tranquille. Nous sommes tellement impatients quand on nous demande d’écouter. Nous sommes tellement vulnérables à la puissance d’un évènement sonore, aux va-et-vient des sons. Nous sommes autant exaltés qu’irrités par le son, par les tonalités et les vibrations, les chants et leurs répétitions. […]