Quel est votre feu ? Carte blanche à Linda Tuloup

Au moment où j’écris ces mots, c’est la nuit.

Je viens de voir le film Au cœur des volcans de Werner Herzog, un requiem pour Katia et Maurice Krafft. Mais ce n’est pas un film, non. C’est une traversée, une plongée dans la matière vivante. Ces images et leur musique m’obsèdent : coulées de lave, langues de feu, éruptions, pluies de pierres. Et celle, sacrée, où le feu rencontre l’eau, où l’eau embrasse le feu.

C’est cela qu’ils filmaient, je crois. Le tumulte de la création. Ce qui brûle, ce qui naît dans l’incandescence. Ce que Werner Herzog capte et raconte avec la gravité d’un poème.

Car tout brûle. Le cœur des étoiles. Les entrailles de la Terre. Nous-mêmes – dans nos gestes, nos élans, nos désirs, nos créations, nospassions.

C’est cela que j’ai tenté ici : une question posée au feu qui nous habite.

Il y a quelques mois, François Beauxis-Ausselet m’a ouvert les pages d’Argument . La proposition était simple, généreuse : publier des images de ma série Brûlure . Je lui ai proposé mieux : rassembler des voix, réunir des artistesautour d’une seule question : Quel est votre feu ? Il a dit oui. Tout de suite. Avec une confiance rare et je lui en suis profondément reconnaissante.

Alors nous sommes là. Douze, treize, quatorze... Le cercle n’a cessé de s’agrandir. Photographes, musiciens, plasticiens, écrivains, peintres : dix-huit chemins vers une même braise. Tous ont dit oui. Tout de suite. Avec une ferveur qui m’a émue et à chacun d’eux, je veux dire merci.

Vous tenez entre vos mains un numéro tout particulier. Il crépite. Il flamboie. Il porte en lui quelque chose des premières fois : la promesse d’un feu.

Linda Tuloup