(Re)penser la prise de décision de la police technique et scientifique

Résumé de la conférence :

Si les avancées technologiques en science forensique ont indéniablement amélioré les capacités de la discipline à répondre aux questions de la police et de la justice, l’exploitation efficace et intègre des traces matérielles à des fins judiciaires et sécuritaires reposent encore largement (du moins pour le moment) sur des décisions humaines. Celles prises par la police technique et scientifique dans les premières étapes du processus forensique sont cruciales, car une recherche et/ou une collecte de traces problématique ne pourra être corrigée a posteriori en laboratoire. Pourtant, à ce jour, les études empiriques se concentrent encore majoritairement sur les décisions prises en laboratoire ou en Cour de justice, créant une zone d’ombre à propos des pratiques d’investigation des lieux d’un incident.

Cette conférence proposera d’abord un état des lieux de connaissances scientifiques sur ce sujet. Elle présentera ensuite les résultats d’une enquête ethnographique menée au sein d’un service d’identité judiciaire d’un corps de police du Québec. Cette recherche doctorale visait à éclairer l'orientation des stratégies de recherche de traces matérielles à travers trois dimensions clés : le savoir, la formation et l’autonomie de la police technique et scientifique. La conférence abordera enfin d’autres recherches en cours visant à approfondir encore davantage ces aspects et ouvrira la discussion sur des pistes de réflexion sur l’avenir de l’investigation des scènes d’incident. 

L'intervenant :

Vincent Mousseau est chercheur postdoctoral au Centre for Forensic Science de l'University of Technology Sydney (Australie) et à la Chaire de Recherche du Canada en Management Public Comparé de l'École Nationale d'Administration Publique depuis 2024, et chercheur associé au Groupe de Recherche en Science Forensique depuis 2019. Il détient un B.Sc. en chimie profil criminalistique de l’Université du Québec à Trois-Rivières (Canada) ainsi qu’une M.Sc. en criminologie option criminalistique et information et un Ph.D. en criminologie, tous deux de l’École de Criminologie de l’Université de Montréal (Canada). Il a également étudié à l’École des Sciences criminelles de l’Université de Lausanne (Suisse). Ses recherches portent entre autres sur les questions de prise de décision, de formation, de culture(s) et d’utilisation des nouvelles technologies dans les domaines policier et forensique. En parallèle de ses activités académiques, Vincent a également travaillé au Département de biochimie, chimie, physique et science forensique, à l’École de Criminologie, au Service de Police de l'Agglomération de Longueuil, à l'École Nationale de Police du Québec et au Laboratoire de Sciences Judiciaires et de Médecine Légale.