Dans ma vie de comédienne, j’ai endossé différentes peaux, personnages, et costumes. Je me suis confrontée à toutes sortes d’écrits : Etty Hillesum, la Bible, Shakespeare, Rabelais… Aujourd’hui, je choisis la peau de mon clown, Plouk, pour tracer le chemin du clown qui était en moi dès l’enfance. C’est le personnage le plus proche de moi. Je me mets à nu et j’ose le sortir devant tout le monde pour décrire ce voyage vers moi-même. Maintenant que j’ai l’âge de ma grand-mère, j’ai le désir de rire et de dire ce voyage. J’ai le désir de creuser à l’intérieur de moi-même, lieu de rencontre d’un Autre qui m’inspire. A 70 ans revenir au clown, mon premier amour. Je regarde en arrière. Je vois une petite fille à la lisière dans la pauvreté de l’après guerre. Je vois une anglo-irlandaise à la recherche de ses racines. Arrivée en France elle va se retrouver étrangère. Devenue comédienne elle rejette les paillettes, Un grand amour la transportera pour vivre la venue d’un enfant démuni. Et toujours un désir d’authenticité. Je vois des héritages d’amour, et le désir de les transmettre. L’audace nécessaire pour vivre pleinement, le chemin de fragilité et de force qui m’a amené vers moi-même. Et la conviction que même si le monde va mal ça ira quand même. Ce n’est pas fini.
