En 1541, "le capitaine et lieutenant du gouverneur" de Guayaquil Francisco de Orellana, emmena pour la première fois, une expédition européenne à descendre le fleuve qu'il nommera lui-même plus tard : Amazone, suite à la rencontre d'une ethnie de femmes guerrières sur ses rives. Gaspard de Carvajal qui fit à son retour le récit de ce voyage, rapporte combien les rives de ce fleuve était peuplé. En certains endroits, sur plusieurs centaines de kilomètres, des villages entourés de vergers somptueux étaient à peine séparés les uns des autres d"'un tir d'arbalète". 
On estime aujourd'hui entre 5 et 10 millions de personnes la population qui peuplait la forêt amazonienne à cette époque. Cent ans plus tard 95 % de cette population avait été décimée. Les jardins luxuriants étaient devenus des friches et les nombreux villages n'étaient plus peuplés que de squelettes abandonnés dans la fuite. 
Pour les explorateurs qui osèrent s'y aventurer par la suite, le récit de cette première rencontre passa pour une fable. Le choc microbien et le zèle exterminateur des colons avaient été si violents qu' ils avaient pu faire oublier l'existence de ces cultures, au sens propre comme au figuré, en à peine plus de trois générations. 
Si l'on considère avec Amadou Ham pâté Bâ que "quand un vieillard meurt, c'est une bibliothèque qui brûle", que dire quand il s'agit de civilisations entières. 
Il ne reste aujourd'hui que quelques minces témoignages de ces cultures disparues. Avec elles, c'est tout un savoir précieux sur cet écosystème amazonien, toute une façon de penser l'humanité dans son rapport au monde qui se trouvèrent enfouis pour des siècles. 
Bien-sûr, cette façon de faire, ce goût du génocide sont ceux du caractère colonisateur en général. Et cela ne concerne malheureusement, pas seulement le seul territoire de l'Amazone, ni les seuls populations précolombiennes. Cette histoire me semble particulièrement emblématique cependant, tant les défis que relève l'humanité aujourd'hui trouvent souvent là, des réponses politiques, sociétales et écologiques. 
Les différentes ethnies qui peuplent l'Amazone aujourd'hui sont toujours menacées de disparition. Mais étrangement, paradoxalement, ce qui fait pour moi l'identité de la société brésilienne, qui n'a pourtant pas son équivalant sur la planète en terme de métissage, c'est que sourde toujours, partout en elle, ses racines indigènes. Et cela sonne pour moi comme une note d'espoir ténue mais puissante.

Ce film est l'adaptation libre d'un mythe fondateur de l'ethnie saterê-mawé. Il se veut comme un hommage à cette manière de voir à travers une danse qui relit nos corps, nos imaginaires et le monde.

pour en savoir plus https://eccesansan.fr/la-premiere-femme-du-monde/