La vie réserve bien des surprises, bonnes ou mauvaises, et c’est l’une d’entre elles qui m’attendait ce soir de septembre 2023. Végétarien depuis 20 ans, marathonien, non fumeur, mon gastro-entérologue m’annonçait contre toute attente que je souffrais d’un cancer digestif. Je comprenais assez vite que la tumeur en question, un adénocarninome bien particulier, était du genre plutôt agressive… La stupeur passée, je demandais à être suivi à l’Institut Gustave Roussy à Villejuif dans le 94. Près de 20 mois plus tard, après une lourde opération et des traitements tout aussi lourds, me voilà en rémission en priant pour que cela dure. J’ai repris le sport et même s’il m’arrive encore de râler (bah oui) j’essaie de profiter pleinement de ma famille et de chaque instant qui m’est offert.

C’est en quelque sorte pour « honorer la vie » que je me suis lancé dans ce défi de courir mon premier trail. Ce sera dans le cadre de l’Ultra trail du Grand Ballon et je m’alignerai sur le 42km qui prévoit un peu de plus de 1900m de dénivelé positif (le fameux D+ cher aux traileurs). Toutefois, même si je suis super enjoué à l’idée d’être là-bas dans les Vosges le 19 juillet prochain, je ne m’imaginais pas « simplement » courir. Comme disait quelqu’un, c’est important pour être heureux de savoir pour quoi nous faisons quelque chose mais c’est peut-être encore plus important de savoir pour qui nous le faisons. La réponse à cette question s’est naturellement imposée à mon esprit. Je voulais le faire pour les enfants, et plus particulièrement ceux qui souffrent du mal dont j’avais moi-même souffert : ce fichu cancer.

Lors de mes rendez-vous ou soins à Gustave Roussy, ce qui me touchait toujours et ce qui me touche encore en plein cœur à chacune de mes visites de suivi, ce sont ces petits bouts de chou plein de courage qui doivent affronter quelque chose qui devrait leur être inconnu. Perfusés, sondés, intubés, ils gardent la plupart du temps leur sourire et cette joie de vivre caractéristique de l’enfance. Même si j’essaie toujours de me dire que les choses arrivent pour une bonne raison, j’admets que c’est beaucoup plus difficile dès qu’il s’agit des enfants. Autant je suis parvenu à mobiliser mes forces pour aller vers la guérison (ce que je continue aujourd’hui), autant je ne sais pas comment j’aurais réagi si c’était arrivé à l’un de mes enfants. J’espère de tout cœur ne jamais le savoir car personne, ni les enfants ni leurs parents ne devrait avoir à subir une telle épreuve. C’est pourtant ce qui est arrivé aux parents de la petite Margo, décédée en 2010 d’une tumeur agressive au cerveau. Elle avait 14 ans. 

A la suite de ce drame, ses parents ont créé l’association Imagine for Margo qui collecte des fonds pour lutter contre les cancers des enfants. C’est pour l’association que je courrai le 19 juillet et je suis sûr que la petite Margo me donnera des forces depuis le magnifique paradis où elle se trouve.