Les humanités, laboratoire éditorial à soutenir
by IN CORPORE
En 2023, inventer un nouveau média est-il possible ? C'est l'enjeu, singulier et “alter-actif”, des humanités, dont le site a été créé en mai 2021. Un autre “pluralisme”… Un succès d'estime, des premiers résultats encourageants, mais pas “dans les clous” et toujours pas éligible aux aides publiques destinées à la presse en ligne. Or, un cap reste à franchir, qui passe par une rédaction élargie et des moyens d'action, relativement modestes mais nécessaires.
Et si, contrairement à ce que dit l’adage, demain, c’était la veille ?
A vrai dire, demain a commencé hier : en mai 2021, lancement d’un nouveau média associatif et « alter-actif », les humanités. Une ambition expliquée dans l’édito fondateur, un journal-lucioles : inventer un nouveau journalisme, se saisir des outils et ressources qu’offre aujourd’hui internet. Et face à la puissance du storytelling, aux dangers de la saturation et de la “fatigue informationnelle”, retrouver une force narrative dans l’esprit que défend Salman Rushdie dans un essai nous avions publié en mai 2021, « La persistance du récit ».
Les humanités n’ont ni les moyens ni l’ambition de rivaliser avec les grands titres d’information générale ; notre objectif n’est pas de traiter toute l’information, mais plutôt d’opérer des prélèvements. La qualité plutôt que la quantité. Mais même sans viser la lune (ou Mars), cela demande quelques moyens. En ce début 2023, nous comptions déposer plusieurs dossiers de demande de subvention, auprès du ministère de la Culture et de la Communication, et d’un Fonds pour la presse libre. Las ! Il nous faut encore attendre… Pour prétendre à ces aides, il nous faudrait d’ores et déjà être reconnus comme « service de presse en ligne » par la Commission paritaire des publications et agences de presse. Or un tel agrément suppose de salarier un ou plusieurs journalistes professionnels, ce que nos moyens actuels ne permettent pas. Le serpent se mord la queue…
Pour un autre dispositif, appelé « bourse d’émergence », ce sésame de la Commission paritaire n’est pas requis. Mais nous sommes là aussi en dehors des clous. Indépendamment de la date de lancement du site, il eut fallu que l’association (créée au 2004, au départ pour soutenir des activités artistiques et culturelles) ait moins de 3 ans d’existence… A nouveau le serpent se mord la queue…
Média alter-actif... Actifs, nous le sommes, mais visiblement trop « alter » pour pouvoir être qualifiés de média. Alors, disons que les humanités restent, jusqu’à nouveau désordre, un laboratoire éditorial. Tel est le sens de la collecte lancée sur la plateforme hello-asso : contribuer à une émergence qui a déjà émergé, consolider les fondations, pouvoir envisager un développement plutôt qu’une stagnation. Pour être en mesure de solliciter d’ici quelques mois les aides qui nous sont aujourd’hui refusées, et que demain soit la veille d’une belle et longue aventure.
Un premier bilan pour ne pas le déposer…
A ce jour (11 février 2023), nous comptons 163 abonnés-donateurs actifs. Par ailleurs, 650 personnes sont inscrites à notre infolettre. En janvier, nos publications ont atteint 1.996 sessions sur le site et 7.498 « vues de post », correspondant à 1.496 « visiteurs uniques ». Enfin, la durée moyenne du temps passé sur le site par session varie de 16 minutes (connexions directes) à 11 minutes (connexion par infolettre ou via Facebook). Cet indicateur est fort encourageant, et montre que loin d’une quête du buzz, une information fouillée et documentée trouve peu à peu son public.
Entre février et octobre 2022, nous avons mis en ligne un total de 281 publications, ce qui correspond, en moyenne, à 1 publication par jour.
Nous accordons une attention toute particulière à la qualité et à la richesse des contenus. Outre les choix iconographiques, les articles sont accompagnés de compléments de lecture : liens hypertexte renvoyant aux sources utilisées et mentionnées, mais aussi documents PDF intégrés, vidéos ou podcasts qui permettent, pour qui le souhaite, d’enrichir la lecture et d’approfondir tel ou tel sujet.
« Vu d’en Frances » et la Colombie : un esprit feuilletonesque
En janvier-février 2022, plutôt que de commenter la campagne électorale qui débutait, nous avons publié une série intitulée « Vu d’en Frances », constituée pour l’essentiel de glanages dans la presse quotidienne régionale (par exemple, « Affouage, éco-blockhaus, Germinal, carnaval, soirées sado-masochistes et Saint-Valentin », publié le 8/02/2022). Nous souhaitons privilégier un esprit feuilletonesque, convaincus qu’un seul article n’épuise pas un sujet. Ainsi, en février dernier, nous avons salué la disparition du grand acteur André Wilms par une série de publications, plutôt qu’une seule « nécrologie » (par exemple, ICI).
Cet « esprit feuilletonesque », nous l’avons affirmé dès le début des humanités, avec un large suivi du « printemps social » en Colombie (par exemple « La révolution des invisibles », le 20 juillet 2021), jusqu’à l’élection présidentielle de mai 2022, qui a porté au pouvoir l’opposant Gustavo Petro (ICI) et sa vice-présidente Francia Marquez (premier article-portrait dans la presse française). Sur la Colombie, nous avons aussi intégralement traduit et publié un document historique en 12 épisodes, réalisé par la plateforme d’information Verdad abierta : un bilan de l’accord de paix entre l’État colombien et la guérilla des FARC, 5 ans après sa signature (par exemple « Éradiquer la coca ? Le chemin tortueux de la paix en Colombie »). Nous avons également consacré plusieurs articles au Brésil, au Chili, et aux droits des peuples autochtones en Amazonie et en Amérique latine, des sujets assez peu présents -exception faite du Brésil- dans la presse française.
L’Ukraine au cœur
Dès le début de l’invasion russe, le 24 février, nous avons couvert la guerre en Ukraine de façon originale, en publiant en exclusivité certains documents (dont « Le Mein Kampf de Poutine » -lu plus de 30.000 fois, effarante tribune de l’idéologue qui a inventé le thème de la « dénazification »de l’Ukraine ; mais aussi plusieurs séquences d’un « Journal de Marioupol » repéré sur Instagram) ; en informant sur des aspects peu médiatisés de cette guerre (par exemple, la destruction des œuvres de Maria Primachenko, ICI, saluée en son temps par Picasso, et plus largement le pillage des musées ukrainiens, ICI).
Mais surtout, nous avons très tôt, dès le 10 avril, alerté sur les déportations de civils ukrainiens en Russie (ICI). Poursuivant l’enquête, nous avons été parmi les premiers à révéler l’existence de « camps de filtration » et à évoquer, dès le 28 août, le sort particulier des enfants déportés (ICI). Dès le début septembre, deux mois avant un rapport d’Amnesty International, nous avons encore été les premiers à révéler le rôle de Maria Lvova-Belova, commissaire présidentielle auprès de Vladimir Poutine, principale investigatrice de ce « trafic d’enfants » (ICI). Manifestant l’exigence d’un journalisme d’investigation, nous avons poursuivi l’enquête au gré de 9 publications successives. La plupart de nos informations, parfaitement sourcées, ont été reprises dans la presse écrite, audiovisuelle et numérique, à partir de la mi-novembre, ainsi que par une ONG ukrainienne et une association française dans des communications transmises au bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (ICI).
Grands entretiens, poésie et portfolios
Voici un échantillon, non exhaustif, de quelques-uns des thèmes abordés depuis mai 2021. Mais ce n’est pas tout. Journalisme d’investigation, enquêtes, reportages se combinent, dans l’alchimie des humanités, avec de grands entretiens et/ou des textes d’intellectuels qui ne sont pas forcément parmi les plus médiatisés : par exemple, le philosophe et historien de l’art Georges Didi-Huberman (ICI), le géographe Augustin Berque (ICI), la juriste Mireille Delmas-Marty (ICI), ou encore Michel Prieur, grand spécialiste français d’un droit de l’environnement (ICI).
Nous avons également commencé à donner carte blanche à des poètes (par exemple Patrick Beurard-Valdoye, « Le maire, le ministre et ses migrants »). Enfin, nous avons d’ores et déjà publié plusieurs portfolios, qu’il s’agisse de photojournalisme (par ex., Selene Magnolia, « Au cœur du plus grand ghetto rom d’Europe »), d’arts visuels (par ex., le grand plasticien brésilien Jaider Esbell) ou d’expositions thématiques (par ex. « Broder / déborder »).
Le sommaire des humanités est découpé en rubriques dont l’intitulé affirme une évidente singularité : « Sur le vif », « De visu », « Arpentages », « Butinages »…, manifestant là une volonté de ne pas compartimenter l’information par grands thèmes, mais par la façon dont elle est abordée. Certaines de ces rubriques demandent à être développées, de même que certaines parties du site (« Ressources », « Forum »…), laissées pour l’heure en semi-jachère. Il en va de même pour une rubrique « Affinités », destinée à relayer des actions menées dans le champ associatif.
Bref, il y a encore du pain sur la planche, il ne reste plus qu’à faire lever la pâte. Concrètement : pouvoir étoffer la rédaction, rémunérer des auteurs, et investir dans quelques outils de développement…
Nota bene : tous les participants à cette collecte recevront courant 2023 un cadeau inédit… sur lequel nous gardons encore le mystère…
Description of expenditure items
L'argent issu de cette collecte sera affecté à 75 % au développement de la rédaction (secrétariat de rédaction, piges et droits d'auteur).
25 % seront affectés à des dépenses d'équipement (outils numériques) et de développement (partenariats)
Final beneficiaries of the collection
L'association In Corpore, éditrice des humanités, est la seule bénéficiaire de cette collecte.
Carriers of the project
Jean-Marc ADOLPHE
Journaliste retraité. Après un diplôme de journaliste obtenu à l’IUT de Tours, en 1981, il travaille dans plusieurs titres de presse régionale (La Nouvelle République du Centre-Ouest, Sud puis Le Journal de Montpellier (hebdomadaires). A Montpellier, il crée un magazine culturel régional, Strapontin et participe à la création d’une radio associative, L’Écho des Garrigues. Il est ensuite journaliste pigiste critique de danse à L’Humanité, de 1985 à 1992. En 1993, il fonde la revue Mouvement (enrichie d’un site internet, mouvement.net, en 2001), dont il est le rédacteur en chef jusqu’en 2016. Il écrit simultanément, en tant que pigiste, pour de nombreux magazines et revues (Les Nouvelles littéraires, Le Point, Pour la Danse, Ballett International, etc.)
Parallèlement à son activité journalistique, il a été conseiller artistique pour plusieurs théâtres, festivals et musées (Théâtre de la Bastille, Espace des Arts – scène nationale de Châlon-sur-Saône, Festival Danse à Aix, Atelier Musée de l’Imprimerie à Malesherbes, etc.)
Avec Jean-Charles Herrmann et Isabelle Favre, il crée en mai 2021 les humanités, média en ligne dont il est le directeur de publication et rédacteur en chef.
Isabelle FAVRE
Géographe-urbaniste. Titulaire d’un Master de Géographie (1981) et d’un Diplôme d’Études Supérieures Spécialisées (DESS) d’Urbanisme (1982), elle a été géographe-urbaniste au CAUE de l’Ain (2006-20107), où elle a notamment participé à la mise en œuvre de l’Atlas des Paysages de l’Ain (partie rédactionnelle, reportage photo, recherche de documents, et approche historique). Elle a poursuivi une activité d’urbaniste indépendante, tout en étant Doctorante à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales et en rédigeant plusieurs articles pour des revues spécialisées et à l’occasion de colloques. Proche du géographe, poète et philosophe et poète Augustin Berque et de la juriste Mireille Delmas-Marty (décédée en 2022), elle est associée avec Jean-Marc Adolphe et Jean-Charles Herrmann à la création du média les humanités, où elle est notamment chargée d’une veille éditoriale sur l’écologie et la citoyenneté.
Jean-Charles HERRMANN
Philosophe de formation, il a été successivement été directeur des Migrateurs / Pôle National des Arts du Cirque en préfiguration (2013 à 2017), directeur de l’agence Art+Culture Développement (2017 à 2020), Régisseur général du Maillon / Théâtre de Strasbourg (depuis 2021). Par ailleurs compositeur de musique et webmaster, il a conçu le site leshumanites-media.com
Au sein du comité de rédaction des humanités, il est en outre chargé du suivi de l’actualité culturelle.
Tapo ALOIKE
Né en Guyane, de culture Wayana, il venu en France métropolitaine pour suivre des études de philosophie à Toulouse, avant d’entreprendre des études de journalisme (IICP – Communication & Journalisme). Dans ce cadre, il a effectué un stage aux humanités, d’avril à septembre 2022.
Au sein des humanités, il est notamment en charge du suivi des réseaux sociaux (principalement sur Facebook et Instagram), et participe à une veille éditoriale sur l’Amérique latine, ainsi que sur les droits des peuples autochtones.
Autres collaborateurs
Pour le suivi de l’actualité internationale, les humanités comptent en outre sur plusieurs correspondant.e.s bénévoles en Amérique Latine (Colombie, Chili et Brésil), en Afrique, et en Ukraine depuis le début de la guerre.
Nota bene
A ce jour (février 2023), tous les membres de l’équipe des humanités sont bénévoles. Le plan de développement prévoit la rémunération (à mi-temps) du rédacteur en chef et d’un webmaster-chargé de développement, la rémunération de journalistes pigistes et l’embauche d’un.e secrétaire de rédaction.
Location of the project
FranceAbout the organization
édition d’un média en ligne, « les humanités », et toute activité d’édition, de promotion et de formation pouvant lui être liée, ainsi que la promotion et la réalisation d’activités artistiques et culturelles sous l’intitulé principal du « festival des humanités ».
RNA: W021001808
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