L'AUTRE-PARLEUR
Arts et cultureL'AUTRE-PARLEUR est une nouvelle association qui a pour but de valoriser sur Clermont-Ferrand l'expression actuelle des musiques traditionnelles, y compris les musiques du monde, en organisant des concerts et spectacles de plus en plus réguliers, voire une véritable saison ancrée sur son territoire.
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Qui sommes-nous ?
Une programmation artistique pluridisciplinaire pour la valorisation et l’émancipation des musiques et danses traditionnelles, musiques et danses du monde.
Les musiques et danses traditionnelles, enracinées dans un patrimoine hérité des sociétés paysannes au fil des siècles, ne cessent pour autant de se développer, de s’inventer et de se régénérer au contact d’autres formes musicales, d'autres disciplines artistiques ou d’autres traditions telles les musiques du monde. Ce sont ces propositions originales et singulières que nous voulons présenter et accompagner dans le cadre d'une programmation inédite à Clermont-Ferrand.
Ligne artistique
Ce que nous entendons par « musiques traditionnelles » n'est pas un genre uniforme caractéristique d'une époque mais une démarche artistique minutieuse et engagée. Étymologiquement, le terme « tradition » renvoie à la « transmission », et c'est cet acte de passation d'un héritage culturel patrimonial qui fait sens dans la ligne artistique que nous défendons. A l'instar des folkeux des années 60-70 qui se sont opposés à une uniformisation musicale planétaire en choisissant de construire leur musique sur les traces de leur héritage culturel local, les artistes traditionnels s'inscrivent dans ce processus d'appropriation d'un patrimoine caractéristique qu'ils vont chercher auprès de ceux qui le possède encore pour s'en investir comme une composante de leur identité et la transcender à travers leur propre discours. Les sources d'inspiration peuvent être variées et multiples, liées à un répertoire musical ou de récits, à des danses, à des modalités, à des instruments aux sonorités et techniques spécifiques, à des styles d'interprétation, de phrasés, de polyphonies, d'ornementations propres à des aires géographiques particulières, ou encore à des rituels païens ou spirituels... autant de codes, de repères et de références dont les artistes s'emparent, souvent dans de longs parcours « initiatiques » propres à ces musiques populaires basées sur l'oralité. Ce cheminement et cette imprégnation culturelle sont la base du processus de création artistique qui s'en suit, expression contemporaine d'une alternative culturelle, parfois même sociale et politique. Fondée sur un bagage patrimonial solide et revendiqué, l’œuvre créée se doit d'être inventive, décloisonnée et singulière, fruit d'expérimentations d'artistes audacieux et porteuse d'autant de sens qu'existent d'individus qui les font vivre, cherchant ainsi à s'adresser à tous dans une musique à la fois ancrée et universelle.
Sous le titre « musiques et danses traditionnelles, musiques et danses du monde », il ne s'agit pas de juxtaposer deux genres différents mais au contraire de les regrouper dans ce processus créatif que nous venons de décrire. Nous nous intéressons aussi bien aux musiques du domaine français issues des cultures régionales et locales, qu'aux musiques issues des différentes strates de l'immigration et plus largement aux musiques du monde, au sens où elles font références à un patrimoine ancré (ou migrant) quelque part sur notre planète, ou bien encore à la rencontre de toutes. Enfin, l'héritage culturel dépasse la dimension strictement musicale pour s'intéresser aux autres disciplines qui lui sont souvent liées, à savoir la danse, le conte, ou toute autre forme d'expression transcendant le patrimoine que l'artiste s'est approprié.
Des défis d'ordre sociétal et territorial
Le processus d'appropriation de repères, références, imaginaires, etc, liés à un patrimoine culturel n'est autre que celui de fabrication d'identités. Certains de ces repères proviennent de notre foyer natal, d'autres ont été glanés au fil des expériences de notre construction personnelle. Quoi qu'il en soit, ils fondent notre identité, à penser comme autant de rhizomes qui s'entrelacent en une multitude de références culturelles venues d'ailleurs.
Les artistes dont nous évoquions précédemment la démarche ont tous construit ou conforté leur identité multiple comme base de la création de leurs œuvres. Exposer ces œuvres au public, c'est transmettre au citoyen ces éléments d'identités, les valoriser, leur donner du sens, pour qu'il choisisse de se les approprier à son tour, enrichissant ou réveillant ainsi son panel de références culturelles qu'il peut porter avec dignité.
A l'heure où la crise économique fait ressurgir une crise profondément culturelle, où les problématiques de cohésion sociale et de vivre ensemble sont mis en avant de nombreux discours politiques, où les questions identitaires attisent la peur du repli communautaire et des tensions qu'il suscite, la valorisation des cultures traditionnelles peut participer au réenchantement de notre société.
La France a toujours été une terre d'accueil, voire de migration de populations, et ses composantes ethniques sont aujourd'hui multiples. Or, c'est bien cette diversité culturelle qui fait la richesse de notre société. Travaillons à garantir le respect de chaque identité culturelle en nous gardant bien d'en considérer une d'« authentique » ou « pure ». Au contraire, chacune contribue à alimenter les autres et ce sont toutes ces diversités d'être, d'imaginer le monde, de se l'approprier, de s'échafauder avec les autres, qui font la richesse culturelle du genre humain, constitué que de personnes libres dont l'identité est mouvante et composite pour faire surgir des êtres singuliers et autonomes. Les musiques et danses traditionnelles et du monde participent à la prise de conscience de nos identités culturelles d'origine, de leur richesse, changent le regard des autres... Il est alors question de retrouver ses repères, de se les approprier dans l'objectif de les partager avec fierté, de retrouver ainsi du lien social dans une reconnaissance réciproque favorisant le mieux vivre ensemble et l'éloignement du communautarisme.
Reconnaissance d'autant plus aisée si l'on admet aussi une composante du territoire sur lequel on vit comme part de notre identité. Là est donc l'enjeu de l'appropriation du patrimoine culturel qui nous entoure pour le confronter à ses autres composantes identitaires et le transcender selon son propre imaginaire, sa propre personnalité. L'image des musiques et danses traditionnelles auvergnates doit sortir des cartes postales en noir et blanc pour être portée par toutes les jeunes générations dans des expressions actuelles et innovantes. L'Auvergne possède un patrimoine culturel immatériel d'une richesse étonnante. Approprions nous le, transcendons le, il deviendra aussi un objet de développement territorial puissant.