La Rose Impossible

Arts et culture

Cette association a pour objet de faire de l’ancienne maison d’André Breton à Saint-Cirq-Lapopie (46) et des lieux associés un Centre International du Surréalisme et de la Citoyenneté Mondiale ; pôle de recherche, d'expression artistique, d'animation et de diffusion culturelle sous tous ses supports

Nos actions en cours

Qui sommes-nous ?

Max Ernst et André Breton à côté de la borne kilométrique de la route sans frontière n°1 à Saint Cirq Lapopie, par Élisa Breton,  tirage polaroïd, 1954, 
(Asso. Atelier André Breton et Archives départementales du Lot)

 

« C’est au terme de la promenade en voiture qui consacrait, en juin 1950, l’ouverture de la 1ère Route mondiale - seule route de l’espoir - que Saint-Cirq embrasée aux feux de Bengal m’est apparue - comme une rose impossible dans la nuit.

Cela dut tenir du coup de foudre si je songe que le matin suivant, je revenais dans la tentation de me poser au cœur de cette fleur : merveille, elle avait cessé de flamber, mais restait intacte.

Par-delà bien d’autres sites - d’Amérique, d’Europe - Saint-Cirq a disposé sur moi du seul enchantement : celui qui fixe à tout jamais.

J’ai cessé de me désirer ailleurs. 

Je crois que le secret de sa poésie s’apparente à celui de certaines illuminations de Rimbaud, qu’il est le produit du plus rare équilibre dans la plus parfaite dénivellation des plans. L’énumération de ses autres ressources est très loin d’épuiser ce secret… Chaque jour au réveil, il me semble ouvrir la fenêtre sur les très riches heures, non seulement de l’Art, mais de la nature et de la Vie »

-André Breton, Livre d’or de Saint-Cirq-Lapopie, 3 septembre 1951

 


L’association 

L’association de la Rose Impossible a pour objet de défendre, pérenniser et valoriser les valeurs vivantes et actuelles du Surréalisme et de la Citoyenneté Mondiale en développant des actions à partir de la Maison André Breton.

L’Association souhaite doter le territoire d'un haut-lieu évocateur de l'un des principaux mouvements intellectuels du XXème siècle, par la création d’un site pluridisciplinaire dédié à la création dans l’héritage du Surréalisme et de la Citoyenneté Mondiale. Elle désire affirmer en corollaire le lien universel et sans équivalent de la Route Mondiale sans Frontières n°1 créé sous l'impulsion du premier citoyen du monde, l'Américain Gary Davis, et organisée grâce au Dr.Louis Sauvé la nuit de 24 juin 1950 entre Cahors et Saint-Cirq-Lapopie. 

La Maison d’André Breton – également appelée « Auberge des Mariniers » et « Maison Henri Martin » – est la plus ancienne bâtisse du village de Saint-Cirq-Lapopie où le poète français de renommée internationale et chef de file du mouvement surréaliste vint séjourner tous les étés de 1951 à sa mort en septembre 1966. Autour de lui et de sa femme Élisa Breton, la demeure accueillit les principaux acteurs du mouvement tels que Benjamin Péret, Max Ernst, Julien Gracq, Toyen, Man Ray, Radovan Ivšic, Adrien Dax, Robert Benayoun mais également des personnalités diverses du monde de la culture comme Juliette Greco, Taos Amrouche, ou encore Ted Joans. Rassemblés en collectivité, les artistes y inventèrent le Surréalisme d’après-guerre en laissant libre cours à l’invention de jeux surréalistes, aux débats, aux créations poétiques, littéraires et cinématographiques imprégnées par l’esprit des lieux (imaginaire paysager, médiéval, arthurien), ainsi qu’à l’organisation des expositions internationales EROS (1959) et l’Écart absolu (1965).

Classé monument historique et labellisé maison des Illustres, l’histoire des passages artistiques à Saint-Cirq-Lapopie doit beaucoup à cet ancien logis de chevalier qui voit se resouder sous pavillon surréaliste une forme moderne de la légendaire Table Ronde. Depuis 2016, la maison est la propriété de la municipalité. Fidèle à l’histoire du lieu et du mouvement, l’Association de la Rose Impossible et la Mairie ont pour objet de défendre, pérenniser et valoriser les valeurs vivantes et actuelles du Surréalisme et de la Citoyenneté Mondiale en consacrant cette bâtisse, selon les termes de Julien Gracq, en « refuge contre le machinal du monde ».

 

1- Histoire et architecture

Vue des deux Maisons (Asso. La Rose Impossible - Aï-My Auger)

 

Situé au cœur du Parc Naturel Régional des Causses du Quercy, le bourg médiéval de Saint-Cirq-Lapopie est accroché à la falaise, à cent mètres au-dessus de la rivière Lot. Outre son cadre paysager exceptionnel et son patrimoine architectural remarquable, Saint-Cirq-Lapopie est également connu comme un haut lieu intellectuel et artistique, tout particulièrement avec la résidence de Henri Martin, Émile Joseph-Rignault, Pierre Daura ainsi qu’André et Élisa Breton. Construit en bordure de la falaise, la Maison Breton est l’édifice le plus ancien de Saint-Cirq. Elle se compose d’une tour du XIIIe siècle et d’un corps de logis édifié aux XIIIe-XIVe siècles, la façade que l’on aperçoit depuis la place du Carol, ancienne place du foirail est probablement remaniée dans les périodes ultérieures entre le XVIe siècle et le XVIIIe siècle.

La tour fonctionne comme un ouvrage défensif intégré dans les fortifications du bourg. Tenue par une famille de chevaliers au Moyen-Âge, le logis comporte deux niveaux au-dessus d’un rez-de-chaussée percé d’une grande arcade en ogive. Deux baies géminées révèlent la présence d’une grande salle de vie et de réception au premier étage. Au XIXe siècle, la maison devient une auberge très fréquentée par les mariniers du Lot, car idéalement située en partie basse du village sur le chemin emprunté par les bateliers qui remontaient sur la place du Sombral depuis la rivière (rendue navigable entre 1838-1848). 

 

Comme de nombreuses bâtisses de Saint-Cirq, la Maison Breton est semi-troglodyte, accrochée à la falaise elle se situe en aplomb de la Maison Rignault, ancien château de la Gardette. Les jardins et fortifications de ce dernier communiquaient par la tour de la Maison Breton au sein d’un réseau fortifié. Après le démantèlement des châteaux sur l’éperon rocheux en haut du village ordonné par Henri IV au XVIe siècle, la présence seigneuriale se relocalise en partie basse du bourg. Peut-être sont-ils à l’origine de la construction de la Maison Rignault et de l’actuelle séparation entre les jardins et la tour de la Maison Breton. L’édifice de la Maison Rignault a par la suite était réaménagé au XVIe siècle dont il ne reste que deux discrets vestiges que sont les deux portes à linteaux sur coussinets, l’essentiel du réaménagement actuel date de la première moitié du XXe siècle grâce aux travaux de reconstruction entrepris par le peintre et collectionneur Émile Joseph-Rignault (1874-1962), contemporain d’André Breton. 

Les fouilles archéologiques réalisées au bas de la tour médiévale au cours de deux campagnes successives (2018 et 2019) ont mis à jour les fondations d’anciennes bâtisses civiles du XIIe et XIIIe siècle adossé aux fondations. Il s’agirait des restes de la rue principale qui menait les pèlerins venus de Rocamadour à la place de l’église en partie haute du village. Le chemin passait au pied de la bâtisse qui marquait ainsi l’entrée médiévale du village jusqu’au XIVe-XVe siècle, avant que la rue de la Pélissaria et l’actuelle porte de Rocamadour ne soient édifiées. 

 

2- La Maison d’André Breton (1950–1966)

Jean Dieuzaide, 
Inauguration de la Route sans frontières n° 1 à Cahors,
reproductions photographies argentiques, le 24 juin 1950, 
(Archives départementales du Lot - Association Cahors Mundi)

 

C’est un singulier concours de circonstance qui fera de Saint-Cirq-Lapopie et du Lot, une des terres d’élection du Surréalisme. André Breton découvre pour la première fois Saint-Cirq-Lapopie le 24 juin 1950 à l’occasion du rassemblement organisé par le mouvement Citoyens du Monde pour l'inauguration de la Route sans frontières n°1 entre Cahors et Figeac. 

Figure engagée et fervent soutien du mouvement des Citoyens du monde dès sa création en 1948, Breton accepte de venir à Cahors en 1950. L’époque d’après-guerre marquée par la découverte de l’armement atomique sur fond de tensions internationales, explique en grande partie le développement de ce mouvement et l’engagement pacifique que Breton renouvelle auprès de Robert Sarrazac, initiateur du Front Humain et de Garry Davis, fondateur du Mouvement de la Citoyenneté Mondiale.  Avec le concours du docteur Louis Sauvé et du docteur Jean Calvet, maire de la ville, Cahors se déclare par charte « Cahors Mundi », « premier territoire mondial ». Pour célébrer l’évènement, le maire mobilise la venue de nombreux intellectuels et partisans instruits de l’idéal pacifique du projet. Aux côtés d’André Breton, viennent le prix Noble de la paix Lord John Boyd-Orr (1880-1971), fondateur de la FAO à l’ONU et président du Mouvement universel pour une Confédération mondiale ou encore le député britannique Henry Usborne (1909-1996). Dans son allocution Breton défend l’idéal d’un « drapeau dans lequel sont appelés à venir se fondre tous les autres ».

L’inauguration du premier tronçon reliant New Delhi à New York voulu par les animateurs du Mouvement de la Citoyenneté Mondiale a lieu entre Cahors et Figeac. Breton y découvre Saint-Cirq dont il fait le récit en consignant son impression un an plus tard dans le livre d'or du village, le 3 septembre 1951 :

 

 

 

« C’est au terme de la promenade en voiture qui consacrait, en juin 1950, l’ouverture de la 1ère Route mondiale - seule route de l’espoir - que Saint-Cirq embrasée aux feux de Bengal m’est apparue - comme une rose impossible dans la nuit.

Cela dut tenir du coup de foudre si je songe que le matin suivant, je revenais dans la tentation de me poser au cœur de cette fleur : merveille, elle avait cessé de flamber, mais restait intacte.

Par-delà bien d’autres sites - d’Amérique, d’Europe - Saint-Cirq a disposé sur moi du seul enchantement : celui qui fixe à tout jamais.

J’ai cessé de me désirer ailleurs. 

Je crois que le secret de sa poésie s’apparente à celui de certaines illuminations de Rimbaud, qu’il est le produit du plus rare équilibre dans la plus parfaite dénivellation des plans. L’énumération de ses autres ressources est très loin d’épuiser ce secret… Chaque jour au réveil, il me semble ouvrir la fenêtre sur les très riches heures, non seulement de l’Art, mais de la nature et de la Vie »

-André Breton, Livre d’or de Saint-Cirq-Lapopie, 3 septembre 1951

 

Le lendemain André Breton revient à Saint-Cirq-Lapopie et achète avec la pension de son père, Louis-Justin Breton, la maison dite de l'Auberge des Mariniers, anciennement occupée par Henri Martin. Dès 1951, le poète et sa compagne Élisa Breton (1906-2000), née Bindhoff-Enet reviennent tous les étés jusqu’à la mort du poète en 1966. Durant ces étés, le couple accueille nombre de leurs amis et artistes faisant du village un point de rencontre important pour le surréalisme d'après-guerre. L’histoire des derniers jours d’André Breton à Saint-Cirq-Lapopie nous est contée par Radovan Ivšic dans un ouvrage publié aux éditions Gallimard, Rappelez-vous bien cela, rappelez-vous bien tout. Après la mort du poète en septembre 1966, Élisa continue à venir chaque été jusqu’en 1992 en s’entourant des artistes qui résident dans le village et en ouvrant souvent sa maison aux surréalistes de passage.

 

3- Lieu de collectivité du Surréalisme de l’après-guerre

Parmi les personnalités venues à Saint-Cirq-Lapopie du vivant d’André Breton entre 1951–1966, la correspondance et les nombreuses photographies des membres du mouvement nous permettent d’attester la présence de : Robert Benayoun, Jean Benoît, Jean-Louis Bédouin, Yannick Bellon, Raymond Borde, Vincent Bounoure, Élisa Breton, Jacques Brunius, Guy Cabanel, Jorge Camacho, Henri-Cartier Bresson, Adrien Dax, Simone Dax, Max Ernst, Nicole Espagnol, Anne Ethuin, Guy Flandre1, Élie-Charles Flamand, Julien Gracq, Georges Goldfayn, Marianne Ivšic, Radovan Ivšic, Édouard Jaguer, Louis Janover, Ted Joans, Alejandro Jodorowsky, Alain Joubert, Annette Lagarde, Robert Lagarde, Wilfredo Lam, Annie Lebrun, Gérard Legrand, André Pieyre de Mandiargues, Joyce Mansour, Jacques Mer, Nora Mitrani, Wolfgang Paalen, Mimi Parent, Benjamin Péret, Man Ray, Jean Schuster, Anna Seghers, Jean-Claude Silbermann, Marie-Jo Silbermann, François-René Simon, Dorothea Tanning, Jean Terrosian, Toyen, Nanos Valaoritis, Marie Wilson, Michel Zimbacca …

Man Ray, Gloria de Herrera, Juliet Man Ray, André Breton, Georges Goldfayn, Elisa
Breton, Benjamin Péret, Toyen et Wolfgang Paalen à Saint-Cirq-Lapopie, 
tirage argentique, 1953, (MNAM-Centre Pompidou)

Après le décès de Breton (1966–2021), de nombreux artistes viennent séjourner à Saint-Cirq-Lapopie : Pierre Alechinsky, Jean Bonnin, Guy Cabanel, Esteban Carazo, Jean-Claude Charbonnel, Florent Chopin, Laurent Doucet, Lou Dubois, Paul Duchein, Bernard Duvert, Jean-Jacques Gauthier, Guy Girard, Lou Laurin Lam, Patrick Lepetit, Léo Litha, Marcelo Maciel, Roberto Matta, André et Georges Mimiague, Susana Morales, Edgar Morin, Sol Nazar, André Nouyrit, Marc-Alexandre Oho Bambe, Jean-Michel Place, Alain Prillard, Olivier Orus, Marie-Christine Roy, Pierre Rojanski, Nicolas Salinas, Krissia Sirias, Virginia Tentindo, Christian Viguié, Richard Walter, John Welson, Alexandre Yterce…

Au cours des années 1970, la galeriste Françoise Tournié rachète l’ancienne demeure seigneuriale. Dans ce château du XVI e siècle, elle y organise plusieurs expositions pionnières en conviant les plus grands noms de l’art à l’occasion de vastes réceptions. Ses liens d’amitié avec Toyen, Jean-Louis Bédouin, Roberto Matta, son admiration pour Wolgang Paalen et son amitié avec Jean Degottex (qui vint s’installer à son invitation en face de sa galerie dans la dernière décennie de sa vie) lui valent de faire de Saint-Cirq un lieu de promotion du mouvement.
 

4- Activités et création

À partir de 1951, Saint-Cirq-Lapopie devient un lieu de rencontre central pour les surréalistes de l'après-guerre. Loin de Paris et des autres métropoles artistiques, les surréalistes se retrouvent chaque été pour s’adonner aux débats, aux lectures et à l’invention de jeux littéraires. Comme le précise Henri Béhar, l’affection de Breton pour Saint-Cirq-Lapopie vient de loin « puisqu’il mêle ici deux utopies anciennes : le point sublime, ce point de l’idéal d’où les antagoniques cessent d’être perçus contradictoirement, et le thème du château, exposé dans le premier Manifeste du Surréalisme, où il pourrait réunir ses amis en une collectivité idéale et sans contrainte ».

L’univers de Breton, peuplé d’inter-signes et de communications mystérieuses met en exergue ce lien intime entre le mythe du château et l’édifice semi-troglodyte et défensif dont il fait l’acquisition : 

Dès 1916, a juste 20 ans, le mouvement surréaliste germe mais n’est pas encore énoncé, il publie « le mont de piété ». Dans le dernier poème apparaît en majuscules immenses, cette sorte de mot d’ordre : « UN CHÂTEAU À LA PLACE DE LA TÊTE ». Dans l’Amour fou (1936) qui conclue la trilogie initiée par Nadja (1928) nous pouvons lire : « A flanc d’abîme, construit en pierre philosophale, s’ouvre le château étoilé ».  En 1937, ce même motif devient plus prégnant encore dans Limites non frontières du surréalisme « Le psychisme humain, en ce qu’il a de plus universel, a trouvé dans le château gothique et ses accessoires, un lieu de fixation si précis qu’il serait de toute nécessité de savoir ce qu’est pour notre époque l’équivalent d’un tel lieu ». À l’idéal du château s’associe celui de la ruine, marqué par la visite du Château Lacoste, « (…) Les ruines n’apparaissent brusquement si chargées de significations que dans la mesure où elles expriment visuellement l’écroulement de la période féodale ; le fantôme inévitable qui les hante, marque avec une intensité particulière, l’appréhension du retour des puissances du passé ». Maintes photographies prises par Man Ray ou Élisa Breton pendant ces mois d’été illustrent le cosmopolitisme et « le pari de la jeunesse » que défend Breton dans la recréation du mouvement. 

Arrêt sur image : Repas aux écrevisses à l’auberge de la Truite dorée de Vers, 1964
Arrêt sur image : Excursion au bord du Lot et collecte de pierre, 1964

Tous les artistes résident pour la plupart chez l’habitant, notamment chez Mme Julia Vinel qui tient un restaurant en partie basse du village. Une autre partie et notamment Toyen résident à l’Auberge des bonnes choses, actuelle auberge du Sombral et hôtel historique de Saint-Cirq. Chaque après-midi, André Breton se livre à sa quête favorite des pierres et galets du Lot qu’il nomme de manière plus précieuse « agates », supports de la rêverie poétique. Le poète se rend également sur les brocantes de Cahors et des environs chaque dimanche en recréant comme à l’Atelier du 42 rue fontaine, un laboratoire de formes où le poète s’adonne à la création d’une collection d’objets d’art populaire et moyenâgeux : des sculptures, des poteries, des estampes, des bénitiers, des paravents, des moules à oublies et à hosties encore visibles dans la maison.  Aux côtés de Toyen (1902-1980) qui séjourne tous les étés à Saint-Cirq-Lapopie, les surréalistes s’adonnent également à l’exploration poétique de la flore et de la faune, notamment par la chasse de papillons.

Les lectures et débats littéraires ponctuent les moments de retrouvailles ainsi que les excursions du groupe qui se livre en juillet-août 1953 à l’invention de deux jeux littéraires auxquels les membres vont conférer une longue portée poétique intitulés L'un dans l'autre et Ouvrez-vous à. Comme son nom l’indique l’un dans l’autre s’efforce d’expliciter le lien qui unit deux éléments du réel selon leur analogie formelle, conceptuelle, sensitive ou linguistique. Breton évoque l’importance capitale de cette découverte « de nature à révolutionner la conception de l'image poétique » et en soi le principe de correspondances. Ouvrez-vous à se présente sous la forme d’un questionnaire visant à savoir si la personne interrogée ouvrirait à une personnalité connue de la pléiade surréaliste. Ainsi Breton répond à la question : Ouvrez-vous à… Robespierre? « Oui, les yeux dans les yeux ».

 

 

En 1964, Jacques Brunius et Robert Benayoun proposent à André Breton de filmer les activités du groupe à Saint-Cirq-Lapopie. Les premières prises de vues ont eu lieu sur trois jours alternant scènes allégoriques et scènes de groupe (les images si dessus). 

Le groupe profite également des étés à Saint-Cirq-Lapopie pour l’organisation d'importantes expositions surréalistes, comme l'exposition Internationale du surréalisme EROS, qui a lieu de décembre 1959 à février 1960 à la Galerie Daniel Cordier à Paris mais également à l’écriture. Breton y poursuit l’écriture de l’Art magique.


 

5- Centre international du Surréalisme et de la Citoyenneté Mondiale

Maison Breton - Malle (Asso La Rose Impossible - Aï-My Auger)
Salle d'exposition  (Asso La Rose Impossible - Aï-My Auger)

 

 

Aujourd’hui, le « Centre International du Surréalisme et de la Citoyenneté Mondiale » regroupe un espace d’exposition, un programme de résidence, un espace de jeux et une librairie indépendante. Aussi, un bar associatif propose un espace de convivialité et de partage en filiation avec le modèle des tiers-lieux.

 

 

 

Depuis 2015, la maison d’André Breton retrouve sa destination artistique en accueillant chaque été des rencontres poétiques, des résidences d’artistes et de chercheurs, des expositions et des conférences afin de mettre à l’honneur la vie du poète, la création contemporaine ainsi que les mémoires vives du Surréalisme et de la Citoyenneté mondiale. 

Le livre a été placé au cœur du projet avec l'acquisition de la bibliothèque d'Henri Béhar en 2017 qui a permis la création d'un centre de recherche sur le Surréalisme, axé sur la période d'après-guerre ainsi que d’une librairie associative spécialisée sur le Surréalisme et plus largement la poésie. 

 

 

 

 

 

Le CISCM s’emploie à engager une programmation culturelle pluridisciplinaire selon cinq axes qui se croisent au fil des propositions :

• La création surréaliste et les valeurs de la citoyenneté mondiale

• Les arts et cultures du monde (traditions, métissage, modernité)

• Les nouvelles formes d’expression contemporaine (arts numériques, chanson, poésie et performance, musiques actuelles, graphisme, vidéo)

• Le monde du livre (depuis la résidence d'écrivain jusqu'à la bibliothèque-médiathèque, en passant par le monde de l'édition et de l'imprimerie sous toutes ses formes, la critique littéraire papier ou en ligne, la librairie...)

• Le monde des idées (université populaire par cycles de conférences, rencontres, projections et débats citoyens). 

 

Selon les vœux exprimés par le poète et président de l’association Laurent Doucet, dans l’ouvrage-manifeste Pour saluer André Breton « Ce lieu sera donc d’abord ancré dans les territoires de la nouvelle grande région Occitanie, en direction des citoyens du Lot et de Saint-Cirq-Lapopie, mais aussi en articulation inventive avec tous les autres pôles vibrants de la mémoire du surréalisme et de la création artistique et subversive contemporaine. Ainsi, son rayonnement de par le caractère universel du surréalisme et de l’attrait populaire du « village préféré des Français », sera aussi hexagonal, ultramarin et international ».

L’histoire du surréalisme dans la région ouvre des partenariats étroits avec la fondation Rochechouart, détentrice du fonds Raoul Hausmann, le musée de Cordes-sur-ciel, détentrice du fonds Baskine, des archives de Figeac ou de Cahors, qui possèdent une partie du fonds Breton, les villes de Souillac et de Saint-Alban de Corrèze marquées par le passage du groupe de résistants surréalistes « la main à la Plume », la maison Joë Bousquet à Carcassonne, l’association Antonin Artaud de Rodez, le musée Cécile Sabourdy de Vicq-sur-Breuilh ainsi que le musée Henri-Martin de Cahors. 

Au-delà de l’immense valeur architecturale de cette maison, la Maison André Breton conserve une partie du mobilier authentique ayant appartenu à l’écrivain, une partie de sa bibliothèque ainsi que son masque mortuaire offert par Pierre Rojanski, collagiste et libraire. L’association de la Rose Impossible et la municipalité s’emploient par le biais de dons ou d’achats à reconstituer les collections initiales. 

De nombreux groupements surréalistes dans le monde entier perpétuent l’éthique et l’idéal du mouvement, ce que l'historienne de l'art Amy Dempsey a appelé les « surréalismes d'après-guerre » ou Surréalisme de Seconde Génération. Suite à ce constat, l'ancienne maison de Breton est un lieu de rencontre pour les sociabilités surréalistes actives et renaissantes d’aujourd'hui tels que le groupe surréaliste égyptien à l’origine d’une exposition internationale au Caire en 2022, le groupe argentin Archibrazo, le groupe surréaliste de Paris, d’Irlande, de Prague, le Centre d’art allemand (DFK) et les Universités du Mexique et d’Exeter. Dans le cadre d'événements culturels tels que des expositions, lectures, performances, théâtre et concerts, les artistes, écrivains et musiciens se réunissent à Saint-Cirq-Lapopie pour imaginer de nouvelles utopies. En ce sens, l'ancienne maison d’André Breton demeure un point de convergence du surréalisme contemporain. 

Jardins Rignault - Vue sur la vallée du lot (Asso. La Rose Impossible - Aï-My Auger)