
Préserver les karsts du Konawe en Indonésie
by Naturevolution
UNE FORTERESSE AU COEUR DU TRIANGLE DE CORAIL
- d’une partie montagneuse (les massifs de Matarombeo, Tangkelemboke et Mekongga)
- et d’un archipel sauvage d’îlots paradisiaques (Labengki-Sombori).
A travers sa mosaïque d’habitats située à la transition entre les deux grandes écozones terrestres et marines indomalaise et australasienne : la Wallacea, près de 80 % des amphibiens, un tiers des oiseaux et 98 % des mammifères terrestres sont endémiques de l’île. Ses massifs karstiques en particulier protègent également la plus grande concentration de papillons au monde ainsi que les plus anciennes peintures rupestres tandis que ses fonds coralliens sont parmi les plus riches de la planète.
En résumé, les karsts du Nord Konawe sont un véritable paradis de la biodiversité !


Pourquoi nous engageons-nous sur ce terrain ?
Le premier inventaire scientifique que nous avons mené en 2014 a démontré l'extraordinaire biodiversité de cette région du monde et de nombreuses observations animalières extrêmement intéressantes en sont ressorties – comme par exemple celles de l’Anoa, le plus petit bovidé du monde, dont on ne sait encore que peu de choses aujourd’hui, du Babirusa, du Couscous de Sulawesi ou encore de tarsiers, de chauves-souris, de dizaines d'espèces de papillons, d'oiseaux, de reptiles, etc.
Nous avons également pu effectuer les premiers relevés archéologiques sur quelques cavités du massif portant de nombreuses traces de passages humains très anciens dont des céramiques, des peintures au pigment, au charbon et à l'argile, parmi les plus anciennes au monde, ou encore des sculptures et des tombeaux.
Les karsts du Nord Konawe abritent donc un fabuleux patrimoine naturel et archéologique.
Malheureusement cette fabuleuse région est gravement menacée par :
- le développement fulgurant des mines de nickel qui ravage littéralement les forêts et génère des écoulements considérables de sédiments qui viennent étouffer littérallement les coraux et toute la faune marine, par ailleurs source de revenus et de nourriture pour toute la population littorale.
- les plantations de palmiers à huile qui ne cessent de s'agrandir et qui dévaste la forêt primaire et réduit drastiquement les chances de survie de nombreuses espèces dont certaines ne sont même pas encore connues.
- la pollution aux déchets plastiques qui impacte toute la partie côtière de cette région, étouffe et contamine la biodiversité sous-marine et notamment les récifs coralliens de cette splendide baie de Matarape surnommée la "petite Raja Ampat".
- la pêche à l'explosif et la surpêche qui détruisent durablement les récifs coralliens et empêchent la régénération des stocks de poissons, et notamment des poissons de grande taille située en haut de la chaîne alimentaire.
- le développement rapide du tourisme qui, s'il n'est pas effectué de manière responsable, peut accentuer la pression sur ces écosystèmes au lieu d'être un atout pour leur préservation et la source de revenus économiques à long terme pour les populations locales.
- la prolifération d'espèces invasives, et notamment des acanthasters(étoile de mer « couronnes d'épines / crown-of-thorns starfish) qui peuvent être fatales aux récifs coralliens.

Quelles sont nos actions concrètes ?
Nous avons débuté ce projet par une phase de prise de connaissance du terrain et notamment des accès possibles, de la biodiversité, des menaces et des enjeux économiques locaux. Plusieurs expéditions d'exploration dont une mission scientifique ont permis d'étudier pour la première fois un des massifs karstiques de la région : Matarombeo.
Dans le même temps, nous avons valorisé et fait connaître au grand public les richesses et les menaces qui pèsent sur ce bout du monde à travers un film et de nombreuses interventions publiques. Nous avons également déjà rencontré des autorités gouvernementales et locales et constaté une ouverture voire même un volontarisme notoire des populations vis à vis de la protection de leur environnement.
Nous oeuvrons aujourd'hui en France et sur le terrain au développement d'un programme de conservation à plusieurs volets :
1/ Lobbying :
- Convaincre les autorités locales de créer un statut de protection pour les karsts du Konawe
- Engager les multinationales impliquées dans des actions néfastes pour l'environnement à lutter contre la déforestation due aux cultures de palmiers à huile et aux mines de nickel.
2/ Recherche scientifique et suivi écologique :
- Organiser de nouvelles expéditions scientifiques dans les karsts de la région mais aussi des récifs coralliens afin de prouver la présence d'espèces animales et végétales endémiques, nouvelles pour la science et menacées
- Etudier les vestiges archéologiques car ce patrimoine exceptionnel pourrait bien constituer un argument de poids pour la mise en protection du site.
3/ Gestion des déchets :
- Sensibiliser les populations par des réunions dans les villages littoraux, par la création de panneaux d’information et par la formation des personnes-ressources locales.
- Nettoyer les plages et les récifs frangeants avec l'aide d'écovolontaires et avec les habitants de la région
- Mettre en place un circuit de collecte régional pour évacuer ces déchets plastiques vers un centre de tri.
- Trier et recycler les déchets plastiques collectés à l'aide de machines spécifiques.
- Valoriser les déchets plastiques en les vendant par containers à des industries de recyclage. Ce travail sera non seulement au bénéfice de la biodiversité marine mais aussi indirectement de la biodiversité terrestre car les plages ainsi nettoyées et redevenues paradisiaques seront un atout de poids pour le développement d’un écotourisme qui concurrencera alors sérieusement les deux autres activités économiques locales dévastatrices pour l’environnement : les exploitations des mines de nickel ou les plantations de palmiers à huile qui déforestent l’ensemble de l’île à un rythme effréné.
4/ Protection et réhabilitation des récifs afin d'assurer la diversité biologique indispensable à la sécurité alimentaire des populations côtières.
- Influencer les décideurs en faveur d’un développement touristique et d’une gestion soutenable des stocks de poissons.
- Sensibiliser les communautés locales à des méthodes de pêche durable et à un engagement en faveur de la protection du littoral.
- Réhabiliter les récifs dégradés en favorisant la régénération corallienne.
- Assurer un suivi régulier de l’état de santé des récifs coralliens.
- Lutter contre la prolifération des Acanthasters, une étoile de mer invasive et mangeuse de corail.
- Restaurer les écosystèmes littoraux en replantant des mangroves.

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