CAISSE DE SOLIDARITE POUR CELLES ET CEUX QUI DOIVENT AVORTER A L'ETRANGER
in favour of Planning Familial 62
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Donner accès à IVG à l'étranger en temps de COVID-19
Bonjour à toutes et tous,
Depuis le mois de septembre 2020, le Planning Familial du Pas-de-Calais a été sollicité cinq fois par des femmes ne pouvant plus accéder à l'IVG légalement en France et contraintes d'aller à l'étranger.
L'Interruption Volontaire de Grossesse, nous le rappelons, est considérée par la loi française comme un soin urgent, mais qui reste encore limité à un délai de douze semaines de grossesse (ou quatorze semaines d'aménorrhée). Malgré de nombreuses et récentes démarches auprès du gouvernement de la part d'organisations féministes dont le Planning Familial, le délai est inchangé depuis 20 ans. Cependant, des femmes dépassent encore ce délai pour des raisons multiples : pas d'arrêt des règles, vécus de violences, abandon du conjoint...etc.
Une fois ce délai dépassé, il leur reste comme unique solution de s'orienter vers les cliniques de pays frontaliers (Hollande, Espagne, Angleterre). Cette démarche a toutefois un coût non négligeable, n'est pas remboursée par la sécurité sociale, nécessite d'être mobile et accompagnée d'une tiers personne pour le retour. L'intervention, le trajet et les frais annexes à cette démarche dépassent généralement les 1000€. Réunir une telle somme en urgence n'est pas possible pour de nombreuses personnes, et d'autant plus aujourd'hui où nombre d'entre elles sont isolées et précarisées par la crise liée à la COVID-19.
Nous faisons aujourd'hui appel à votre solidarité, votre sororité, afin de proposer à celles qui en auront besoin une aide financière pour cette démarche.
Merci pour elles, prenez soin de vous.
Mon expérience d'accompagnement - Partie 1
Fin 2020, j'ai accompagné en Hollande une femme en situation d'IVG hors délai.
Quand la coordinatrice du PF62 m'a contacté, je n'ai pas réfléchi trop longtemps. J'étais exceptionnellement disponible. La femme qu'il s'agissait d'accompagner - je l'appellerai Sophie (pseudonyme) - n'habitait pas très loin de chez moi. Je me suis dit : c'est l'occasion de rendre ce service au moins une fois dans ma vie.
Une fois le téléphone raccroché, je me suis posée. J'ai senti que je n'aurais pas les capacités physiques pour mener seule cette mission. J'ai contacté une amie à la retraite qui a - heureusement - rapidement accepté de m'accompagner. Je n'ai donc pas eu beaucoup à chercher !
Puis j'ai eu Sophie au téléphone pour convenir de notre organisation. A la fin de notre échange, elle n'a pu s'empêcher de laisser échapper des sanglots en me disant merci et en me saluant. Comment vous dire tout ce que j'ai perçu dans ces débuts de sanglots - qui se sont sans doute poursuivis après notre échange ? J'y ai perçu à la fois toute la détresse et tout le courage de cette femme qui avait du serrer les dents pour tenir bon. Je vous raconte cela, car je crois que c'est à ce moment là que j'ai compris réellement, humainement, ce qui était en jeu et ce que je m'apprêtais à faire. Au delà de la théorie... Ce périple en Hollande a aussi été une expérience émotionnelle très forte.
Être 2 pour accompagner est un vrai plus. Je ne peux que le conseiller aux futures personnes qui feront cette démarche : vous pouvez vous relayer au volant ; une fois sur place, vous patientez à deux et pouvez papoter ; et puis tout simplement, c'est comme pour beaucoup de choses, c'est plus simple et sympa de "partir à l'aventure" à 2 et donc ici d'accompagner une personne en situation d'IVG hors délai en Hollande à 2.
Ce qu'il faut savoir, logistiquement - quelques conseils. Nous avons échappé aux bouchons aussi bien à l'aller qu'au retour, mais la circulation est assez dense sur les autoroutes hollandaises. Le rdv était à 7h30, nous sommes parties à 2h45 de chez moi, pour nous sentir sereine dans le trajet (normalement 4h), et pouvoir faire des pauses. Nous avons réussi à dormir 4h Marie Cécile et moi avant de nous lever en pleine nuit et de prendre la route. C'était un bon début ! J'avais repéré la route sur internet en amont, mais il est vrai qu'un GPS est utile - surtout quand, comme cela nous est arrivé, vous vous paumez dans la ville à l'arrivée.
Avec le covid, les accompagnateurs-trices ne sont pas admis dans la clinique ! MC et moi n'avions pas anticipé ! Ni qu'il y avait un confinement là bas ! Nous nous sommes pelées les miches ! Heureusement il faisait beau. On a pu un peu marcher, se "réchauffer" au soleil sur un banc. Ou se blottir dans des couvertures dans la voiture - on s'est dit que les gens allaient nous prendre pour des SDF - on a beaucoup pensé aux SDF.... Prévoyez thermos de café ou d'eau chaude ! et votre pique-nique.
Mon expérience d'accompagnement - Partie 2
Le temps de l'accueil administratif, de la prise en charge médicale, de l'IVG, puis du réveil... Sophie est sortie de la clinique à 15h30. Nous étions de retour en France à 20h !
Il est important de ne pas minimer le temps et la disponibilité que demande un tel accompagnement. Quasiment 18h ! Ensuite, c'est bien d'avoir du temps pour récupérer, de ne pas avoir d'impératifs ou de trucs à gérer en soirée. Si possible d'avoir un lendemain plutôt calme...
Cependant. Il y avait 2 autres femmes qui avaient rdv en même temps que Sophie. Une jeune femme de Dijon, une autre venant de Bretagne je crois. Bref des françaises venant d'encore plus loin !! Nous nous sommes dites que nous avions relativement de la chance de venir du Pas-de-Calais...
Et enfin, humainement...Sophie et les 2 autres femmes en situation d'IVG hors délai ont été prises en charge en même temps. Elles avaient toutes rdv au petit matin. Elles étaient dans la même chambre. Elles ont pu échanger quelques mots, se soutenir, se faire rire. Décharger leur stress ensemble.
Le personnel de la clinique parlait français et a été très professionnel nous a dit Sophie (c'était à Hemsteede).
Pendant tout le temps qu'elle a passé à la clinique, nous avons eu des échanges texto réguliers avec Sophie. Elle s'est excusée plein de fois de nous faire attendre ainsi ! Nous avons essayé de trouver les mots pour l'accompagner heure après heure dans cette journée et l'encourager.
Sans entrer dans les détails de la situation personnelle de Sophie : elle n'avait parlé à personne de sa grossesse et de son IVG - pour des raisons personnes légitimes que je ne dirais donc pas ici. Elle était donc très seule. Faire ainsi le trajet avec 2 inconnues, lui a permis de se raconter (nous n'étions pas vouées à nous revoir en dehors de ce jour exceptionnel), ce qui lui a fait beaucoup de bien.
Sophie nous a en tout cas témoigné que son accompagnement par le CPEF de Calais, puis par le PF62, puis par MC et moi était quelque chose qu'elle n'aurait jamais imaginé possible. Elle ne savait pas que tout cela existait pour venir en soutien aux femmes ! Elle ne s'attendait pas à être accompagnée au pied levé par 2 bénévoles. Tout ce suivi a été extrêmement réconfortant pour elle. Des soutiens inespérés.
Elle nous a dit mille fois merci.
En se quittant, elle m'a dit que le PF62 pouvait garder son contact. Si un jour une autre femme dans une même situation a besoin d'aide, elle serait ravie de pouvoir l'aider à son tour.
N'est-ce pas ainsi que le Planning Familial est né ? De femmes et d'hommes solidaires dans l'adversité ? Tour à tour recevant le soutien du Planning et s'inscrivant, s'investissant dans les luttes, auprès de leurs paires ?
En conclusion...C'est une sacrée expérience. Il est important de se sentir prêt.e et disponible pour la mener à bien. En retour, c'est politiquement et humainement très fort de le vivre. C'est une expérience concrète de sororité/fraternité. C'est aussi un moyen très concret d'exercer sa liberté et de défendre le droit à l'IVG.