Point de départ de la création

Nous voulions adapter un conte. Profiter de la force narrative de ce genre.  

Nous voulions parler sororité. 

Questionner ce qu’est être femme, homme, jeune fille, jeune homme dans nos sociétés contemporaines. 

Explorer ce que peut être la transmission. Ce qui se donne, ce qui se cache, le poids de certains bagages transgénérationnels. Comment s’en défaire? Faut-il s’en défaire? La résilience. 

Dénoncer les injonctions plus ou moins explicites faites aux femmes et jeunes filles encore aujourd’hui. Ce que l’on peut s’infliger à soi-même ou aux autres pour répondre à des modèles physiques et comportementaux générés par nos sociétés, généralisés par les médias. Ces modèles parfois assimilés, intégrés : Il faut être belle, mince, souriante, agréable.
Nous voulions mettre en évidence le poids toujours présent des sociétés encore patriarcales sur le corps des femmes, sur leur place dans le monde et... le rôle qu’elles portent dans les contes.
Nous voulions donner chair et parole à celles qui ont été ou sont encore invisibilisées. 

Une fois tout cela dit, deux personnages nous sont apparus avec force : les deux demies-sœurs de Cendrillon. 

L’idée est maintenant de rejouer le conte de Cendrillon à travers elles.

Extrait

"13. Il était une fois, Princesse

Princesse, il m’appelait comme ça.

J’ai toujours connu qu’il m’appelait comme ça. Princesse à tout bout de champ. D’ailleurs longtemps, j’ai cru que c’était ça mon prénom.

LucreciA, je voulais pas. Ce prénom, c’était pour une autre que moi. Une autre qui ne m’intéressait pas. Princesse, je préférais. LucreciA, c’était si commun, si plat.

Princesse, je pouvais m’imaginer des destins grandioses. J’allais devenir gracieuse et de beauté porcelaine fragile comme une poupée. Un garçon beau, grand, riche et célèbre allait venir me chercher pour m’emporter cheval crinière crin blanc vers des lointaines contrées, des îles vierges et luxuriantes ! J’aurais un destin grandiose !

Je ne sais pas si mon père quand il m’appelait Princesse, ça résonnait les mêmes choses. En tout cas, longtemps, j’ai cru qu’on se racontait les mêmes histoires lui et moi. De ces histoires complètement folles où, après mille péripéties, je finissais invariablement heureuse et forcément comblée d’enfants ! J’avais tellement hâte.

Princesse, j’adorais les mondes que ça me mettait dans la tête !

Princesse, je ne sais pas mon père ce qu’il voyait quand il m’appelait comme ça. Pour moi, c’était limpide, évident que je deviendrais une princesse plus tard. Et je serai moi aussi une célébrité de magazines. La coqueluche des carnets mondains.

Je me suis mise à bosser. C’est un sacré travail devenir une princesse ! Et même si je cachais sous mon matelas petits pois que j’aimais pas et tant pis si je dormais mal. Et je me tenais droite et sans caprices ! Capricieuse un brin, je pouvais, mais pas plus qu’il ne fallait, sinon, ça devenait un vilain défaut ! Une princesse n’est pas une vilaine ou alors…"

Commande d’écriture

L’écriture de Stéphan Riegel est fine, subtile, poétique tout en étant parfois
dure et percutante. Puissante, elle rejoint la force du conte.
La sensibilité de Stéphan transcende tous les sujets qui
nous tiennent à cœur dans ce projet.
C’est une évidence pour nous de faire équipe avec cet auteur, poète,
plasticien, performeur, dont le travail et l’univers nous animent et nous touchent.

Équipe de création

Écriture : Stéphan Riegel

Mise-en-scène : Nadège Tard

Jeu : Margot Mornet - Sylvia Rey - Isabelle Tesson

Création musicale : David Charrier

Scénographie/Accessoires : création collective

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